Franchir la ligne avec Cyrielle

Reprenons le fil de notre exploration des raisons qui nous mettent en mouvement, nous propulsent parfois sur les routes, mais toujours sur la voie d'une vie plus en accord avec nos aspirations.

La belle vie!
7 min ⋅ 22/01/2024

De quel poids pouvez-vous vous défaire ? Quelle charge financière, mentale pouvez-vous envoyer dans les décors ? Qu’allez-vous vous offrir pour cette nouvelle année ? Vous seuls avez la réponse et je vous souhaite de trouver celle qui vous convient.

Pour continuer l’exploration des motivations entraînant un changement de vie, voici le témoignage de Cyrielle, qui a quitté son poste en lycée hôtelier et sa carrière dans la restauration pour tout repenser et partir marcher seule avec un sac à dos. Comme Hélène et Denis, elle a su renoncer à une « situation » et affronter son insatisfaction, pour mieux se situer dans le monde et l’habiter à sa façon.

Merci à Isabelle pour son infatigable et inestimable travail de correction.

Je me présente souvent comme quelqu’un qui cherche à donner du sens au temps. Et toi, comment veux-tu te présenter ?

A l’inverse de toi, je ne me focalise pas du tout sur le temps : je me focalise sur ce que je ressens à chaque instant de ma vie, sur chaque chose que je fais.

Comment qualifierais-tu le virage que tu es en train de prendre ?

J’ai l’impression que la chenille que j’étais devient enfin papillon. J’ai l’impression de devenir quelqu’un d’autre, de plus aboutie : une meilleure version de moi-même. C’est une réelle évolution, quand, malheureusement, j’ai le sentiment qu’un grand nombre de personnes reste chenilles toute leur vie.

Comment vivais-tu avant cette transformation ?

J’étais une jeune femme très fêtarde, un peu perdue au milieu d’une société que je ne supporte pas, mais j’avançais mes pions comme on me l’avait conseillé ou comme ce que l’on attendait de moi… Sans m’en rendre compte à vrai dire.

En pensant qu’il fallait absolument conserver et entretenir les liens familiaux car « la famille on en a qu’une » , en pensant qu’avoir un métier stable, c’était la clé de la réussite pro, en acceptant des « amis » qui n’en étaient pas réellement mais parce qu’être une « sans amis », ça fait pitié… en cherchant absolument l’homme qui devra un jour me féconder pour former une famille et avoir le schéma parfait qui rassure tout le monde…

Pourquoi étais-tu insatisfaite ?

Excellente question… je crois que je suis insatisfaite lorsque les évènements ne prennent pas la tournure que je veux. Je suis difficilement capable de me satisfaire de ce que j’ai en me disant que c’est déjà bien. Par exemple, si une personne ne se comporte pas comme je l’espérais à mon égard, ou si un travail me cause du souci pour x ou y raison, je pourrais me dire : « tu as un travail, qui te plaît, alors fais abstraction des collègues vénéneux, ou du manque de reconnaissance… » Mais je n’y arrive pas, les éléments extérieurs m’affectent trop…

Depuis quand ?

Depuis toujours je crois. Mais c’est peut-être de pire en pire avec les années. Je supporte de moins en moins l’humain… Moi qui travaillais justement dans la restauration car j’aimais être au contact des gens, je n’aspire désormais qu’à me retrouver en paix avec moi-même. (Quelques rares personnes sortent du lot tout de même.)

Depuis quand réfléchis-tu à ton changement de vie ? (est-ce que tu en parlerais comme un changement de vie?)

Il y a eu plusieurs évènements consécutifs voire simultanés dans ma vie qui m’ont fait changer : mon retour en France après 6 années de vie dans le sud de l’Espagne en 2019, la covid en 2020 et mes 30 ans l’année suivante.

Je sentais vraiment que je n’étais pas à ma place, je sentais que cette vie n’était pas faite pour moi, j’ai ressenti de la dépression, qui a duré un certain temps. J’avais besoin de tout couper, de vivre autrement.

J’avais surtout besoin de me sentir LIBRE.

Quels étaient les freins ?

Dans ma tête il n’y avait que 2 options pour que je me sente enfin libre de faire ce que je voulais de ma vie : la première gagner énormément d’argent, mais étant issue d’une famille de classe très moyenne et n’ayant pas fait une carrière spécifique, j’ai opté pour la deuxième solution qui était complément opposée, soit apprendre à vivre sans argent.

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La belle vie!

La belle vie!

Par Alexandra Borsari

Écrivaine de fiction et non-fiction. Militante pour un congé citoyen et la Skholè pour tous : avoir du temps pour soi, en particulier pour les activités culturelles, ne devrait pas être un luxe réservé à de rares élus. Nomade sur les routes d'avril 2017 à début 2023, je vis maintenant sur l'eau dans un petit voilier. Apprentissage de la navigation en cours pour repartir en itinérance, au moins une partie de l'année.

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