La lumière d'Etel

Les mondes sociaux sont souvent laids, les infos généralement déprimantes, mais la vie peut être belle. Partage d'un bout de paysage, d'un morceau de vie sur l'eau et au bord de l'eau, d'un émerveillement. Voici Etel, dans le Morbihan, dont les sonorités font, à mes oreilles, écho au lexique elfique pensé par Tolkien.

La belle vie!
4 min ⋅ 30/01/2025

Lundi 16 décembre 2024, arrivée à Etel. Mon premier passage de la barre. La plus belle arrivée depuis la mer. De nombreux paysages et ports sont charmants, mais, sur la portion de côte parcourue à ce jour avec mon bateau, de Loctudy (29) à Port-Bourgenay (85), l’approche du chenal d’Etel, puis le chenal lui-même, supplantent tous les autres.

Peu de constructions. Des plages de sable et des dunes. L’entrée n’est pas très visible au premier abord. Le sémaphore offre un guidage soigné à la radio : « prenez 15 degrés bâbord », « visez la perche rouge au milieu ». Puis, au niveau de cette perche, un sympathique message d’arrivée. Me voilà dans le chenal.

C’est la fin d’après-midi et bientôt la pleine mer. Sans rien changer au réglage du moteur, je suis propulsée à 8 nœuds avec le courant. Ça file vite ! Je ne regrette pas d’avoir affalé et préparé le bateau pour l’arrivée plutôt que d’avoir cédé à la tentation, qui était grande, de rentrer à la voile. J’ai passé pour la première fois la barre d’Etel et découvre le chenal qui sera le mien pour les quelques mois à venir.

La progression vers le village à l’est, le chantier à sec sur la rive opposée : une caresse pour les yeux. Le vert pâle de la porte de l’ancien dispositif de mise à l’eau du canot de la SNSM s’accorde parfaitement avec la couleur de l’eau et l’ocre léger du sable. C’est beau.

Rien à voir avec certains bords de mer malmenés par les constructions. Prenez les Sables d’Olonne, par exemple. En ces temps de retour de Vendée-Globéens, la foule habille les quais, mais vraiment, de la mer, les immeubles dépareillées font mauvais effet, surtout l’un d’entre eux, plus haut que les autres qui donne aux Sables, depuis la mer, un sourire édenté. Malheur de la bétonisation sans âme des littoraux.

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La belle vie!

La belle vie!

Par Alexandra Borsari

Écrivaine de fiction et non-fiction. Militante pour un congé citoyen et la Skholè pour tous : avoir du temps pour soi, en particulier pour les activités culturelles, ne devrait pas être un luxe réservé à de rares élus. Nomade sur les routes d'avril 2017 à début 2023, je vis maintenant sur l'eau dans un petit voilier. Apprentissage de la navigation en cours pour repartir en itinérance, au moins une partie de l'année.

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